Bilan d'une semaine de folie, mais merveilleuse
Pour commencer, me concernant, c'était la première du genre, si on excepte le rallye des cathédrales en 1997 sur une A110. Le Tour Optic 2000 regroupe les voitures aillant participé à cette épreuve dans les années 50 à 70, ce qui laisse un magnifique plateau. Deux niveaux sont prévus : la régularité, qui consiste à respecter des moyennes sur route, circuit et course de côte (plus facile à dire qu'à faire on le verra plus tard), et la compétition qui fonctionne au classique temps scratch en circuit et montée.
Pour nous, mon père en pilote et moi en copilote, ça sera régularité sur De Tomaso Pantera Groupe 3 de 1972, un "bébé" de 1500 kg avec un V8 de 5,7 en position centrale, ça pousse, ça vous scotche au baquet à chaque passage de rapport, même en 5. D'ailleurs il pourrait y avoir deux ou trois vitesses de plus que la sensation serait la même. C'est démoniaque !!! Pour l'histoire, la voiture est arrivée vendredi et a eu droit à une réparation de l'embrayage le samedi. ça commence. On n'a pas eu le temps de la tester, mais l'épreuve le permettra, après tout il y a près de 1800 km de route et 4 circuits au programme.
Jour 0 : trajet jusque chez les stressés (je vois que Paris n'a pas changé :o)))
Tout commence dimanche matin, pour rallier le Lot où le transporteur m'attend, après 3h00 de sommeil du fait des 40 ans d'une cousine. Puis s'enchainent 8h00 de route en fourgon avec la voiture sur le plateau jusqu'à Paris et l'arrivée à la Concorde en fin d'après-midi, avec des dizaines d'autres camions qui déchargent de tous les côtés et d'autres voitures qui arrivent par la route (des anglais pour la majorité d'ailleurs). C'est un va et vient permanent de voitures et des bouchons au milieu, on rigole pour entrer dans le parc des tuileries, et on commence à s'en mettre plein les yeux et les oreilles, notamment avec le camion Ferrari qui débarque la dernière collection, accompagnée de quelques Enzo. En effet, 2010 célèbre le cinquantenaire du triplé Ferrari avec leur nouvelle 250 GT chassis cout et Ferrari est présent pour fêter ça. Les Nissan 370Z et GT-R arrivent également, sacrés monstre pour cette dernière d'ailleurs.
Jour 1 : la paperasse et le rêve
Le lundi est consacré aux contrôles administratifs et techniques. Rien de bien méchant. La voiture sortant du préparateur, elle passe le contrôle sans problème. On profitera du reste de la journée pour visiter quelques garages parisiens renfermant de véritables perles, comme une Mc Laren proto, une lamborghini diablo de course, une F40, une dino, ... et j'en passe. Et on s'en mettra plein les yeux avec deux ferrari GTO qui débarquent pour la course, ainsi qu'une tripotée d'Alpha GTA, Porsche 906, 911 RS et 914-6, deux De Tomaso Groupe 4, les Corvettes de course de Still Racing, des A110 dont une aux main de Ragnotti, les protos Ligiers.... Bref, plein les yeux. ça finira sur un dodo tôt, parce que la course, ça démarre mardi à 6h00.
Jour 2 : premières galère
Au programme : 600 km et Magny Cours
Ne partez pas avec une voiture que vous n'avez pas testé sur une course aussi longue et fatigante pour la mécanique.
Mardi matin, départ 6h00 des tuileries dans la poussière et les phares des voiture, ce qui rend le moment magique, et avec la garde républicaine pour sortir de Paris et éviter la surchauffe à ces vieilles gloires. Sortir de Paris plein pot, avec la route ouverte, c'est pas tous les jours que ça arrive et c'est franchement sympa. On rallie Fontainebleau pour le départ officiel de la course.
La journée de mardi est consacrée à Magny Cours et au ralliement de Vichy. Le road book est sympa, pas piégeux et les temps de liaisons raisonnables, ce qui permet de ne pas être toujours à fond sur route ouverte :o) Côté spéciale sur route fermée, c'est déjà l'hécatombe côté concurrents, avec, rien que sur la première spéciale, une Austin Healey dans un talus (au premier virage !), une alpine A110 dans un fossé (au milieu d'une ligne droite...), des traces qui finissent dans le vide et j'en passe. Heureusement, ça ne sera que du matériel. Côté route, on attaque, pour rallier Vichy, quelques routes chaotiques qui vont secouer la voiture et, ajouté aux vibreurs de Magny Cours, attaqueront la rotule avant gauche. Nous arrivons tout de même à rallier Vichy à 22h00 et le premier bilan mécanique se fait : fuite d'huile moteur au niveau de la pipe d'admission et du capteur de pression d'huile, plusieurs boulons qui se desserrent, problèmes électriques au tableau de bord (sur une italienne s'est étonnant non ?) et surtout rotule avant gauche HS, la cage s'est déboitée sous les chocs répétés. Pour nous, c'est l'abandon si on ne trouve pas une rotule rapidement. Après avoir fait le tour des corvettes et des autres Pantera (et révisé mon anglais...) aucune rotule n'est disponible. Il y a moyen d'en récupérer une via la poste, mais pas avant demain soir au mieux. Il est 23h30, on va manger et réfléchir à la solution. 1h30 du matin, après avoir regardé les résultats (on pointe en 61ème position sur 107) on va dormir un peu quand même. Entre temps, les mécanos passent au système D : deux rondelles formées autour de la rotule puis soudée vont tenir la cage. ça à l'air de tenir. Merci aux mécanos pour le boulot effectué. Pour les autres pannes, de la pâte à joint et une révision du faisceau ont fait l'affaire (ce qui est pas mal avec 2h00 de mécanique autorisée en parc et le commissaire technique derrière).
Jour 3 : on commence à comprendre le principe de la régularité
Au programme : 410 km et Charade
Mercredi, départ 7h00, donc levé 5h30 histoire de faire le point avec les mécanos et de prendre un bon petit déj, vu qu'un ne mangera pas avant 16h00 aujourd'hui encore. On est dans le rythme, remonté à bloc après l'histoire de la rotule, et on ne va pas rester à cette position dans le classement. Après tout, on vise les 30 pour notre première participation ! On doit rallier Lyon ce soir, toujours par des petites routes en jaune ou en blanc sur les cartes. Le soleil est au rendez-vous, que du bonheur ! Le circuit de Charade est magnifique, mais je ne ferai pas le malin dessus en moto, avec tous ces murs à portée. Par contre, le tracé est super et Ragnotti, avec son copain Serpaggi vont nous faire un joli spectacle, collé à la Porsche 906, tandis que la Ligier à moteur Cosworth va atomiser tout le monde sur ce tracé. L'arrivée à Lyon se fera encore de nuit, après une spéciale à la tombée du jour. La rotule aura tenue le coup, par contre la fuite moteur s'amplifie.
Sinon, côté classement, maintenant que le principe est assimilé, la gestion du road book et des chronos maîtrisée et l'entente copilote/pilote au point, ça remonte. On est 33 sur 111. Le nombre de participants est remonté, puisque certains équipages ont pu rallier la France malgré les problèmes d'avions. Dodo encore vers 2h00 du matin et levé 5h30 pour la suite des évènements.
Jour 4 : la ballade de santé
Pour cette nouvelle journée, c'est 457 km de routes de montagne et le circuit de Bresse.
Nous partons encore tôt le matin, avec un soleil qui se lève gentillement sur Lyon. L'avantage de partir à cette heure, c'est qu'il n'y a pas trop de bouchons et que nous pouvons sortir facilement de la ville. Les routes choisies ce jour sont magnifiques, encore une fois. En plus, on voie qu'on arrive dans des régions de rallyes, il y a du monde partout sur le bord des routes, ce qui rend l'épreuve encore plus magique et rassure sur l'acceptabilité de ce genre d'épreuve de nos jours. Quand au circuit de Bresse, que je ne connaissais pas, j'y ai trouvé un tourniquet sympathique, quoi qu'un peu court pour la De Tomaso et son troupeau d'étalons américains. Les peitites routes de montagnes choisies nous permettront de nous "tirer une bourre" mémorable avec une Ford Mustang bien préparée, et une Ferrari 250 GT qui nous suivait. Grand moment ! Et pour ne rien gacher, les paysages sont magnifiques, avec les montagnes enneigées au fond, voire de la neige sur le bord de certaines routes dans les cols (on a quand même le temps de regarder le paysage, ça vous étonne ?) L'arrivée à Mégève le soir se fera encore de nuit. Quand à la voiture, la rotule de direction tient toujours, la fuite d'huile est digne d'une anglaise et on a des nouveaux voyants au tableau de bord : ceintures non attachées et frein à main, forcément, il y a maintenant des harnais et la commande de frein à main a été modifiée, sauf que ça ne s'allumait pas avant et maintenant si, allez donc savoir comment les italiens font leur faisceau... Mais il y a pire, le De Tomaso des voisins perd son pare-brise et à failli perdre le capot arrière. On s'en sort bien finalement. Pour ce qui est du classement, on pointe à la 26ème position sur 103. Il y a eu de la perte aujourd'hui.
Jour 5 : on continue sur le rythme
Cette fois-ci, pas de circuit, mais 543 km de routes de montagne uniquement, et des bien choisies au dire de l'organisation, avec quelques spéciales de renommée : Chamoux, Chamrousse et Saint Nazaire le Désert, une des spéciales du Monté Carlo. ça va bouger ! En plus, le soleil est toujours là, et c'est sous un joli lever de soleil que nous quittons Mégève.
Effectivement, c'est la journée sport, éprouvante tant pour les voitures que les pilotes et copilotes. ça bouge, c'est serré souvent, voir on mort sur les bas côté parfois, mais ça passe. C'est bon d'avoir un vrai ancien pilote en pilote dans ces moments. Et ça vaut le coup d'oeil avec une belle dose de sensations. Qu'est ce que ça pousse cette De Tomaso d'ailleurs, avec l'aspiration du carbu derrière les oreilles. Elle avale les lignes droites comme si de rien n'était, à plat comme en montée.
Par contre, nous ne ferons pas la spéciale du Monté Carlo en chrono, les ouvreurs l'ayant jugée bien trop dangereuse, et ils ont bien eu raison : gravier, virages aveugles qui se referment, aucun échappatoire voir vide. Il y aurait eu beaucoup de casse ce jour. Donc consigne pour cette montée : calme et tranquille. Visiblement ça n'a pas suffit puisqu'il y a eu un tout droit dans un virage, un tonneau d'une mini et une corvette pulvérisée contre un rocher à la première épingle. Heureusement, sans gravité.
Quant aux liaisons, elles sont désormais calculées au plus juste et les moyennes à tenir imposent des vitesses assez élevée, ce qui transforme certaines liaisons en véritable courses sur route ouverte. ça devient vraiment sport. Heureusement qu'il n'y a pas grand monde et que la garde républicaine veille à tout ça encore. Puis on est toujours dans l'ambiance rallye avec une pléthore de spectateurs sur le bord des routes.
L'arrivée se fera plus tôt, vers 20h00, à Aix, sous un ciel menaçant. La voiture tient toujours le choc et on pointe à la 22ème place.
Jour 6 : glisse, fatigue et arrivée
Cette dernière journée sera la plus tranquille, avec279 km et le circuit du Castellet. Par contre, il pleut. La journée va donc commencer par un festival de glisse, la De Tomaso ayant ses montes d'origine qui tiennent déjà difficilement sur sec, alors sur mouillé, avec un couple de camion et des chevaux en pagaille, c'est jamais droit... Mais on s'en sortira et nous pourrons rallier la dernière épreuve, sur le mythique circuit du Castellet. Au vu des dégâts essuyés au cours de l'épreuve, les temps minimum sont revus à la hausse, ce qui est frustrant sur un circuit aussi rapide. Ajoutez à cela la fatigue qui commence sérieusement à se faire sentir, et ça vous donne des erreurs de calculs avec des pénalités de retard à la clé.
On ralliera tout de même Beaulieu sous le soleil, avec une foule en délire qui vous met la larme à l'oeil, après tout, on a réussi à finir cette épreuve somme toute mythique, avec une voiture qu'on ne connaissait pas et qui manquait de préparation.
On termine au final 26ème sur 111 voitures engagées.
Je vous passe tous les détails qui me feraient écrire un roman sur cette course. Je termine juste en disant que c'était magique et que vivement la prochaine.